La Théorie de Tai Chi Chuan

Chi (Qi), Yi, Jin

Beaucoup confondent le  » Chi  » dans le nom  » Tai Chi Chuan  » avec l’énergie interne sur laquelle agit la médecine chinoise et dont la bonne accumulation et circulation sont des nécessités pour avoir le corps sain et fort. L’énergie interne/vitale, le Chi (ou Qi pour utiliser la transcription Pinyin) est toujours nécessaire à toute entreprise ; en revanche la pratique de Tai Chi Chuan n’a pas pour but d’augmenter l’accumulation et la circulation de Chi. Tout exercice physique équilibré sert dans ce but-là et notamment les exercices de Chi Kung (Qigong) ont été développés pour cela.
Le Tai Chi Chuan nous aide à développer notre Chii indirectement : le travail principal passe par une focalisation sur le développement de Jin  » la force intelligente  » ou  » compétence « . Lorsque nous parlons du Kung Fu d’une personne, nous faisons référence en effet à son Jin – sa compétence martiale.
Le Jin est développé par l’attention consciente portée aux divers exercices de l’art : c’est à dire, par l’application du Yi  » l’intention  » ou  » la volonté « .On dit que le Yi dirige le Chi. Ainsi lorsque nous portons toute notre attention dans l’exécution de nos gestes, nous effectuons un exercice qui a pour effet d’accumuler et de faire circuler le Chi. Mais ce n’est pas ça le but – le but est de développer le Yi, et cela dans le contexte d’un art martial, à but martial. Le résultat de cet entraînement interne est de pouvoir projeter toute sa force focalisée à 100% dans un seul mouvement.


le caractère Chi(Qi)


le caractère Jin

 

Le principe central – le doux l’importe sur le dur

L’image centrale de Tai Chi Chuan et du Taoïsme est le symbole Tai Chi avec ses deux couleurs ou forces complémentaires : le Yin et le Yang. Yin représente l’obscur, le faible, le lent, le doux, alors que le Yang représente le clair, le fort, la vitesse, le dur. Conformément à la théorie taoïste, le Tai Chi Chuan cherche à faire marcher cette approche philosophique de complémentarité dans le cadre d’un art martial.
Ainsi, un agresseur représente une force Yang, envahissante et attaquante. Il nous convient donc d’accueillir cette force par le Yin : au lieu de résister à la force (qui a pour résultat que le plus fort gagne), le pratiquant de Tai Chi va faire en sorte que la force attaquante n’aille nulle part. Il suffit de déplacer le corps plus ou moins pour s’écarter de l’attaque. En suivant le cycle naturel de cause et d’effet, le déplacement donne lieu à une contre-attaque (Yang) contre les parties vulnérables de l’adversaire (cou, yeux, articulations, points nerveux ou vitaux …) – c’est à dire le Yin.
Parce que l’art est conçu justement pour ne pas résister à la force, mais pour la contourner de façon intelligente, le Tai Chi Chuan est un art martial bien adapté aux personnes de faible stature qui n’ont pas forcement beaucoup de force physique, telles que les personnes âgées, les femmes ou bien les enfants.

La stratégie des 5 principes

1. Nian – adhérer
Pour pouvoir ressentir les intentions de l’adversaire, il est nécessaire d’adhérer à son mouvement. La mise en œuvre la plus évidente de ce principe se trouve dans le Tui Shou, où le pratiquant cherche à utiliser ses bras comme des antennes pour  » écouter  » l’autre. Plus il y a de contact physique, bras sur bras, plus les antennes peuvent fonctionner.
2. Lian – connecter
Il convient de penser à la façon dont les différents os sont reliés dans le corps. Chacun est séparé des autres mais ils vont tous bouger ensemble. Le pratiquant de Tai Chi Chuan cherche à faire la même chose dans l’ensemble de ses mouvements. Une attaque donne une esquive qui donne une attaque, le tout dans un seul mouvement, composé d’un ensemble de gestes et de déplacements.
3. Mian – douceur
Pour que nous puissions écouter l’adversaire, nous devons être calme, détendu, doux. Cette douceur, face à un attaquant, est bien sûr relativement difficile à acquérir : le plus souvent l’élève confronté à une agression plus ou moins menaçante va se crisper dans une tension réflexe. Le Tai Chi Chuan nous aide à développer des meilleures réactions, plus calmes et donc plus rapides et plus souples.
4. Sui – suivre
Adhérer n’est pas seulement une question d’utiliser les mains pour ressentir l’intention de l’adversaire. Nous devons aussi le suivre dans ses déplacements : il avance, je recule ; il recule, j’avance, …
5. Bu Diu Ding – le refus de la force brute
Dès que nous résistons à la force de l’attaque, dès que nous devenons tendus en préparant un coup, nous nous appuyons sur le Li, la force  » brute « , la force non-intelligente. Ainsi, nous perdons tous les avantages de l’art de Tai Chi Chuan.

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